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Exposition Spirit of the Cities
10 novembre 2008

Le temple d'Hanuman Jean Ma maison à Pondichéry

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Le temple d'Hanuman

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jean

Jean

Ophelia
Ma maison à Pondichéry

Voilà la semaine à Pondichéry derrière moi.

Pondichéry ressemble à un rêve d’après les colonies. Tout est charmant.

La terrasse de la villa où était accrochée mon exposition donnait sur la jetée, avec la statue de Duplex. Un petit peu plus loin il y a celle de Gandhi.

Les bâtiments des Travaux publics sont noyés dans les bougainvilliers, l’Ecole Française d’Extrême Orient avec les bibliothèques du début du siècle, le Consulat, le Lycée français, la rue Alexandre Dumas, la rue Romain Roland etc.

Le bungalow où je séjournais était l’ancienne résidence du directeur de l’Ecole d’Extrême Orient. J’imaginais quel pouvait être son travail dans ces murs il y a quelques décennies au milieu des archives et des clichés des sculptures des temples Dravidiens.

J’y ai retrouvé Jean Deloche, un savoyard de 80 ans, que j’avais rencontré en 2002, j’aime beaucoup ce monsieur et pris des clichés pour réliser plus tard son portrait. Il travaille depuis les années 50, sur les forteresses du sud de l’Inde et nous avons passé une matinée magnifique dans son bureau à regarder des fresques murales rouges, bleues et dorées qu’il a découvert il y a peu au sud de l’Inde.

Il me donne envie de lui ressembler à 80 ans, lumineux, joyeux et mélancolique à la fois, toujours curieux. Il s’est installé avec sa femme à quelques kilomètres de Pondichéry dans un village de pêcheurs qu’il rejoint sur sa moto. Sa femme qu’il adore depuis 50 ans, et avec qui il est arrivé en Inde à travers l’Afghanistan, l’Iran des années 50… écrit des livres.

Chacune de ses phrases, est baignée de bon sens, car je pense qu’il a guidé sa vie avec un grand soucis d’harmonie. J’ai retenu l’une d’elle qui m’a plu lorsqu’il m’a dit « tu sais on ne vit pas de beauté mais de convivialité »… L’entente était réciproque et nous n’avions pas envie de nous quitter car nous aurions pu poursuivre la conversation pendant quelques jours.

Je suis reparti les bras chargés de ses livres dont il m’a fait cadeau.

J’ai dîné aussi chez un personnage que j’apprécie beaucoup, Raj, l’éditeur de la très bonne maison d’Edition Kailash.

Sinon les journées à Pondichéry se sont passées, en une succession de mini cours avec des profs de l’AF et leurs étudiants. J’étais très amusé de voir, que la plupart des étudiants ne sont pas tamouls, (Pondichéry est dans le tamil Nadou) mais Rajpoutes. Ces garçons de 25 ans, viennent passer un an « en France », à Pondichéry pour apprendre le français et la culture française avant de repartir chez eux s’occuper des touristes français.

Tous les débuts d’après midi je m’offrais une heure de massages ayurvédiques, au milieu des chaudrons de cuivre remplis d’huile de bois de santal, de lait et de plein de choses délicieuses… je revenais en flottant le long des rues couvertes d’acacias, de fleurs et de murs peints à la chaux.

Pondichéry me plait mais je ne pense pas, si je devais y vivre, pouvoir y travailler et y être heureux. C’est une ville trop achevée pour moi.

C’est ce que je me suis dit lorsqu’hier j’ai repris la route en direction de Bangalore, au nord ouest. Tout de suite on retrouve le grand désordre de l’Inde qui m’enchante, la route traverse les rizières, et tout ce qu’on y voit donne le vertige. Les huttes de palmes, les couleurs de saris sur le vert électrique des pousses de riz, les paysans qui portent un cache sexe comme les égyptiens et les fesses nues dans les rizières, les vaches qui se précipitent sur la route, les camions avec des grappes de personnes allongées sur des bouteilles de gaz et la radio à tue tête, les motos avec des familles entières enveloppées dans des guirlandes de jasmin, les singes allongés au milieu de la route…

A une heure et demi de Pondichéry je me suis arrêté pour voir une ancienne ville fortifiée envahie par les singes. Je me suis promené dans des temples en ruines par 40°, sans touristes et accompagné par des grappes de singes. Les villageois viennent y faire la sieste, allongés entre les colonnes et les statues de Shivas dansants avec quelques bras en moins, et les lingams renversés (le dieu originel en forme de phallus).

A l’intérieur un prêtre faisait une cérémonie (un puja) pour une famille venue demander les faveurs d’Hanuman, le Dieu singe. J’ai demandé si je pouvais me joindre à eux, ce qu’ils ont accepté comme toujours avec plaisir, et j’y suis resté une heure, fasciné par ce qui se déroulait devant mes yeux.

Le temple est habité par un gros rocher noir dans lequel a été sculpté le Dieu singe à taille humaine, le prêtre torse nu, le couvre de pigments rouges, puis de guirlandes de jasmins tressées, de guirlandes d’oranges et de fruits en récitant des mantras, puis il a grimpé sur le rocher pour faire couler du lait sur la tête d’Hanuman. Le lait coule et se mélange au pigment rouge, qui ruisselle sur le corps d’Hanuman avant de s’écouler par une rigole à l’extérieur du Temple où les singes attendent pour recueillir et boire le lait rosé au creux de leurs mains. J’ai suivi tous les rites avec la famille qui se réjouissait de ma présence et m’expliquait comment m’y prendre. Les mains au dessus des lampes à huiles, la poudre de santal et les pigments sur le front, l’eau et le basilic sur le visage etc.

Ces moments m’émerveillent… ils me font accéder un instant, en contemplant ces rites envoûtant à toute l’énigme et la force des religions antiques.

Lorsque après une heure je suis ressorti de ce minuscule temple, j’ai retrouvé mon chauffeur qui courait avec un bâton, après les singes qui s’amusaient à emporter mes chaussures vers la rivière.

Nous avons roulé jusqu’à la nuit à Bangalore.

Changement de personnes et de travail.

Depuis ce matin je donne 7 heures de cours quotidiens à l’Université d’Art de Bangalore, et je suis logé dans un appartement de trois pièces dans un immeuble indien au milieu des familles et des ingénieurs de la Silicon Valley indienne.

En quittant la forteresse, alors que je cherchais la route d’un autre temple, nous avons abouti au bout d’un chemin au milieu des étangs et des rizières, où les femmes se lavent nues, devant un petit temple grand comme ma chambre, entouré de colonnes et d’une armée de singes.

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