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Exposition Spirit of the Cities
4 novembre 2008

Padmini Chettur Kiran Rao TM Krishna Cinq jours,

Padmini

Padmini Chettur

Kiran

Kiran Rao

Krishna

TM Krishna

Cinq jours, où je n’ai pas pu prendre le temps d’écrire.

Chaque journée a été tellement dense que j’ai l’impression qu’il s’est passé plusieurs vies entre les deux.

Je suis arrivé avant hier soir à Pondichéry épuisé par les 5 jours de travail à Madras.

C’est à peine si j’arrivais à arracher quatre ou cinq heures de sommeil entre 3 heures du matin et 8 heures.

Dans la journée je photographiais mes modèles chez eux et le soir je réalisais leur portrait sur mon ordinateur. Entre les deux j’avais des rendez-vous au Park Hôtel, le magnifique Hôtel où aura lieu l’exposition le 2 décembre, pour organiser l’exposition. On cherchait jusqu’à la fermeture des laboratoires photo qui réalisent de bons tirages. Les derniers jours je n’avais tellement plus de temps pour traiter les portraits réalisés dans la journée que je travaillais dans la voiture, durant les heures d’embouteillages entre chaque rendez-vous.

L’arrière du 4x4 rouge qui me conduisait d’un rendez-vous à l’autre, était devenu mon atelier et labo photo ambulant. Shankar le très placide chauffeur qui m’a conduit pendant tous ces jours à travers Madras puis jusqu’à Pondichéry hier soir, m’aidait à tenir les câbles porter les piles de livres, et ce que j’adore en Inde c’est qu’au bout de 2 ou 3 heures il avait compris comment je procédais et il devançait chaque moment avant même que je ne me pose la question. Ca c’est la magie de la fluidité indienne et la capacité incroyable de prendre soin de l’autre. Je retrouve ce comportement qui allège tout plusieurs fois par jour.

Je ne peux malheureusement pas détailler chaque séance de photo, mais mercredi, jeudi, vendredi et samedi j’ai continué les séances avec chaque fois des personnalités singulières.

Sadanad Menon, professeur à l’Asian College of journalism., TM Krishna, chanteur Carnatic,

Padmini Chettur, danseuse contemporaine, Jean-François Lesage le célèbre brodeur de la Haute couture en France, Rose une animatrice TV, transsexuelle que je n’ai finalement pas voulu photographier car qu’elle m’énervait, (ca m’amuse avec le recul aujourd’hui), Kiran Rao directrice d’Amethyst, femme d’affaires, reine du glamour en matière de mode, décoration etc. et l’une de mes mécènes à Madras, Vandana psychiatre fondatrice de Banyan un système de soins psychiatriques à Madras et Leela Samson, ancienne danseuse classique de Barathanatyam directrice d’une fondation qui enseigne les Beaux-Arts dans un jardin au bord de la mer.

Tous ces moments étaient magiques, car ces personnes partageaient entre elles une modernité construite et basée sur une grande culture, très ancienne qu’ils réactualisent chaque jour par leur œuvre. Chacune de ses personnes, a voulu avant et après les prises de vues, me faire partager son univers.

Padmini Chettur par exemple, une danseuse contemporaine, très jeune, d’une grâce extraordinaire, qui est arrivée dans un superbe sari vert et lie de vin. Elle travaille avec les grands chorégraphes contemporains européens, et elle montrera son propre travail cet hiver au Théâtre des Abbesses. Nous avons parlé un long moment sous la véranda de musique électronique et de miniatures indiennes. Ce qui me surprend toujours chez les indiennes et les iraniennes, c’est ce supplément de féminité qu’elles ont. Ce supplément de féminité n’est pas une entrave, bien au contraire, il leur donne un côté aérien et une grande liberté très agréable à fréquenter.

Vandana, la psychiatre, qui ressemble à Lisa Minnelli jeune m’a reçu dans un sari rouge écarlate au milieu de ses statues antiques, et ses grands bouddhas. Elle m’a expliqué ses recherches sur la folie, sur les mutations de la folie en relation avec les mutations déstabilisantes de nos sociétés… la gestion de la folie féminine dans les couches populaires…

Je lui ai parlé des expériences réalisées il y a 4 ans avec Parimala, qu’elle veut rencontrer. Toutes les deux s’entendraient très bien.

Sadanad Menon m’a reçu dans sa belle villa traditionnelle face à la mer. C’est avec lui que le courant est peut-être moins passé. Trop politique, idéologique et paternaliste pour moi, bien que je pense que c’est un journaliste de grande qualité. Ceci dit le moment a été agréable, simplement je n’ai pas décollé comme avec les autres.

Krishna, le chanteur carnatic, beau comme un lion. Il a une voix de basse, est très imposant dans son longhi (rectangle de tissu noué autour de la taille qui se porte comme une jupe) blanc impeccable et sa kurta orange (tunique). Malgré ou peut-être grâce à cet aspect imposant il est en même temps profondément doux, généreux et attentif… nous avons discuté longuement dans son salon des différences de transmissions de l’enseignement artistique traditionnel et contemporain. Il m’expliquait ses convictions avec beaucoup de force puis m’écoutait avec l’humilité d’un enfant…

Avec Leela Samson, dont l’Ecole de Beaux-Arts est construite dans un jardin au bord de la mer c’était autre chose. Leela Samson, c’est toute la mesure indienne, toute la sagesse héritée de l’antiquité et la culture de l’harmonie. Tout est pensé dans ce lieu expérimental comme les japonais peuvent le faire autrement.

On marche dans un immense jardin, les dieux sont installés sous les banians, les cours ont lieu dans des amphithéâtres ouverts comme sous la Grèce antique ou dans l’Ecole de Tagore, Santiniketan au nord de Calcutta.

Le toit de l’auditorium est réalisé avec des palmes comme il y a 3000 ans.

Tout est végétal. Elle m’a présenté ses dieux préférés dispersés dans la propriété, dont un bouddha sculpté par la mer, et cet incroyable dieu Hindou homme dans sa partie droite et femme dans sa partie gauche.

Une américaine a voulu que je vienne visiter sa fondation, mais j’ai décliné son invitation pour garder en moi ce que me montrent les indiens et qui m’insuffle une énergie et un sens de la vie très précieux, car les indiens font circuler la vie. Les américains et à fortiori lorsqu’ils s’intéressent à des choses qu’ils ne connaissent pas, tuent en voulant préserver. Les Fondations des américains que j’ai visitées en Inde aussi modèles soient elles ne sont que le miroir angoissant de leur ego, chez les indiens la même chose devient un monde fluide de communication avec les mystères qui nous constituent.

Quelques moments dont je veux me souvenir aussi à Madras : Ranvir est un gujarati jaïn du nord de l’Inde, riche industriel et collectionneur. C’est lui qui organise et sponsorise mon travail à Madras avec l’AF.

Le dernier soir il m’a invité à venir boire un cognac dans sa maison.

Une immense villa en U, construite autour d’une piscine. Au centre de la piscine est construite une estrade pour les concerts de musique classique, dans le béton de magnifiques bas reliefs de singes courent sur les murs. Sur le toit une autre piscine avec un lingam contemporain. Nous avons discuté autour d’un cognac jusqu’à une heure du matin au milieu de ses collections de tableaux, de statues antiques et de livres.

C’était très intéressant de comprendre ce qui anime cet indien avec son T-Shirt de musique techno dans cette maison ultra moderne, habitée par le culte des œuvres anciennes.

Un autre moment dont je me souviendrai est lorsqu’un soir à 2 heures du matin un mannequin célèbre de la ville avec un physique boolywoodien éclatant, et une simplicité et une gentillesse stupéfiante chez quelqu’un de sa profession, m’a reconduit en moto de l’autre côté de la ville à mon hôtel.

Depuis deux jours, l’atmosphère n’a plus rien à voir avec Madras.

Je suis à Pondichéry, où le rythme est ralenti, tout est beau et charmant.

C’est un peu le St Tropez de l’Inde, mais c’est toujours l’Inde.

Je suis logé dans un ancien comptoir français, Villa Ophelia. J’ai à ma disposition 3 pièces avec de beaux meubles en teck, un lit à moustiquaire sous les ventilateurs, et trois fenêtres qui ouvrent sur un jardin de manguiers, d’hibiscus et de bougainvilliers. Lorsqu’on monte sur le toit on surplombe la promenade et on est face au golfe du Bengale.

Mon travail à Pondichéry est d’ordre plus pédagogique.

Ce soir dans 1 heure c’est le vernissage de mon exposition. Dans l’un des plus beaux lieux où j’ai exposé.

Un immense bâtiment colonial dont les colonnes blanches font face à la mer, rue Alexandre Dumas.

Je reviendrai dans quelques jours pour parler de Pondichéry et de ma halte au soleil couchant dans les temples de Mahalalipuram.

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Commentaires
J
Mon Cher Pascal,<br /> Tu m'as fait voyager a peu de frais...blague mise a part tu m'a transporte dans un lieu qui m'est complement inconnu et que j'ai envi de decouvrir...Mais le plus important c'est ta generosite a partager ces experiences avec nous..comme tes hotes partagent la leur avec toi....Pascale c'est beau ce que tu fais...merci<br /> Jacques<br /> Ps: j'aimerais la prochaine fois que l'on se voit(d'abord que je ne sois pas au telephone entrain de hurler...)ca serait de parles des Americins et de leurs manieres a preserver la culture des autres.....
W
la première photo de blog Puduchchérie intitulée kiran rao évoque une beauté naturelle du corps féminin ainsi la subtilité de la nature.elle fait penser à sati -un film de RAY où on témoigne d'un mariage entre un arbre et une femme..je ne dis pas que ta photo évoque la même chose mais la tienne établit une relation entre les feuilles et la femme..son vouloir de les toucher avec son bras tendu donne la vie à l'image..!<br /> (un amateur d'art en devenir-so my comments may sound childish!biz writtwik,paris)
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