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Exposition Spirit of the Cities
29 octobre 2008

Le décor créé à Paris la semaine dernière et qui

Palais1

Le décor créé à Paris la semaine dernière et qui viendra accueillir les modèles, comme le décor d’un studio ambulant.

Mardi 28 octobre 2008

Me revoilà dans une situation familière : en train de travailler sur le bureau d’une chambre d’hôtel en Asie, avec des câbles, des photos prises dans la journée que je fais défiler et que je classe, un ventilateur bruyant mais que l’on entend à peine à cause des bruits nocturnes, et une journée dont les événements me filent entre les mains.

Cette fois j’ai décidé de ne pas écrire de blog, et puis la première journée passée je me suis dit, que si je ne le faisais pas ma mémoire serait tellement surchargée que cela me fatiguerait beaucoup plus que d’en écrire un.

Ce ne sera pas un blog-fleuve comme cela l’a été pour les précédents, en Iran, au Bangladesh, en Thaïlande ou d’autres fois en Inde… Je vais simplement le considérer comme un aide mémoire, en consignant brièvement quelques moments de la journée afin de vivre les journées suivantes délesté de ceux de la veille.

La somme de travail qui s’annonce impliquera de gros vides, mais je l’actualiserai quand je pourrai…

Je suis donc arrivé une nouvelle fois en Inde cette nuit à 1 heure 30.

C’est Diwali depuis 3 jours (la fête des lumières), et dans la nuit les rafales de pétards, de fusées, de feux d’artifices et les explosions donnent la sensation d’être dans une ville bombardée.

J’ai fait connaissance avec Marie-Paule la directrice de l’AF avec qui le courant est tout de suite passé, avec l’attachée culturelle de l’AF et avec le chauffeur qui me conduit à tous mes rendez-vous dans un 4x4 rouge, Shankar.

Ma chambre est dans un hôtel simple avec des murs blancs et un sol rouge, des couloirs de 60 mètres de long, des plantes vertes moribondes et des hommes en longhi qui balaient nonchalamment. Il fait chaud et moite, l’hôtel est entouré d’un jardin avec d’énormes arbres et des oiseaux et la vitesse des mouvements a été divisée par 8 ou 9 pour qui arrive de Paris.

Tous mes repas, déjeuners et dîners me sont offerts par une héritière fortunée dans une magnifique villa coloniale baptisée Amethyst, entourée d’un jardin.

D’après ce qui me semble avoir compris cette jeune femme a transformé l’une des villas familiale en club/café où l’on peut manger, travailler, lire etc. dans un décor très travaillé.

J’ai quelques lieux comme celui-ci en tête, avec les meubles en teck ciré, des photos colorisées au mur, les serveurs en blanc qui flottent sur le sol et dont je passe de longues minutes à observer l’élégance. L’élégance des femmes qui circulent en sari et le calme des hommes qui les accompagnent…

Cet endroit est un lieu parfait pour travailler.

Mon programme de prises de vue à Madras est dense. J’ai débuté aujourd’hui par l’une des plus grandes chanteuses Carnatic de l’Inde, que j’avais entendu un après-midi cet hiver avec Alain au Théâtre de la ville à Paris.

Je n’imaginais pas, bien que ce ne soit pas si improbable, la photographier quelques mois plus tard chez elle.

Ca a été un très beau moment. Elle nous a fait apporter gâteaux et cafés puis s’est installée entre les statues des Dieux qui habitent son salon et nous a offert un petit concert privé pendant qu’assis en tailleur face à elle j’essayais de capter avec mon appareil la suspension d’une émotion.

Ce qui était beau durant cette séance c’est que je n’étais pas en train de réaliser le portrait d’une chanteuse célèbre, mais d’une chanteuse en train de chanter réellement.

Au début nous avons un peu titubé, puis elle a cherché mon regard et en quelques minutes, 4 ou 5, elle a fait jaillir une émotion qui nous donné des frissons à tous. Son impresario, Marie-Paule et moi. Elle l’a compris, car elle a terminé son chant en éclatant de rire, parfaitement consciente de ce qu’elle venait de nous adresser.

Nous l’avons quitté en retrouvant la voiture au pied de son immeuble qui ressemble à celui du film Gomorha à Naples.

C’est cela qui me plait en Inde, je suis allé photographier à Calcutta ou à Bombay, au 11 eme étage d’immeubles remplis de motos, d’échafaudages abandonnés, d’escaliers écroulés et d’enfants qui font des acrobaties, de vieux artistes, amis de Picasso dans les 50’s, des cinéastes ou des écrivains, qui me recevaient dans de petits appartements douillets, entourés de leur bibliothèque, de leurs instruments, des statues de leurs Dieux, et de canapés couverts de beaux saris. Ce qu’ils ont en commun, c’est le plaisir affiché de partager ce moment, une reelle générosité, et en même temps qu’une grande conscience de soi, une vraie simplicité presque toujours dépouillée de vanité.

Nous avons poursuivi l’après-midi que je ne développerai pas en photographiant dans la rue, des vendeurs de perles de verre issus de la caste des gypsy, superbes de gentillesse et de dignité dans le soleil couchant.

Je me suis acheté un téléphone indien dans une boutique surpeuplée et nous sommes revenus en longeant le bord de mer.

Ce soir alors que je dînais sous les ventilateurs d’Amethyst, un homme que je n’avais jamais rencontré s’est avancé vers moi en criant en anglais, mais vous êtes Pascal Monteil !!!!??? Mon dieu je suis si bête de ne pas vous avoir reconnu… je ne comprenais rien. En quelques minutes, j’ai été invité à me joindre à une table, avec une jolie jeune fille tamoul qui me parlait en français impeccable du livre Douleur exquise de Sophie Calle, d’une dame âgée dans un sari extrêmement classe et les yeux entourés de Khôl, qui m’a été présentée comme le gourou du goût à Madras… et qui connaissait très bien Andrée Putman et la sœur de Bhumibol… la propriétaire des lieux une femme ronde avec un regard très franc, et ce monsieur dont j’ai appris au fil de la conversation qu’il avait une fondation…

Pendant la première demi-heure je ne comprenais rien à la situation, sans faire tellement d’effort pour comprendre, me laissant bercer par les rencontres du jour, la chaleur et l’alcool de gingembre qui nous a été servi pour accompagner un poisson grillé au citron.

Nous nous sommes quittés avec affection sans que j’avance beaucoup dans ma compréhension.

Je crois que c’est pour ça que je mets si peu d’empressement à mieux apprendre l’anglais. Parfois lorsque je suis fatigué ça me permet de flotter dans des situations où je ne sais pas bien de quoi on me parle, ni avec qui je parle, ni ce que va donner ce moment…

Ca n’empêche pas que les choses se passent, bien au contraire. Et personne semble m’en tenir rigueur. Ca me montre l’événement que je vis avec une sorte de distance poétique, où je regarde ce qui se déroule et auquel je participe en observant des détails auxquels je n’aurais pas prêté attention, des gestes, des rapports entre les personnes, des émotions sur le visage, qu’une conversation intelligible feraient oublier.

Je vais me coucher car il et une heure et demi du matin !

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